AU VENT MAUVAIS
Dans un contexte économique et social
défavorable qui risque de mettre à mal les budgets jusqu'ici
alloués, artistes et acteurs culturels s'inquiètent de l'avenir de
leur secteur. Aussi le 13 janvier dernier, une journée d'action et
de réflexion nationale a-t-elle été consacrée au sujet.
À Nancy, le débat a pris place dans
une salle du Théâtre de la Manufacture. Acteurs de la culture
institutionnelle, comédiens indépendants, artistes syndiqués et
gratin politique du grand Est se sont retrouvés pour dialoguer
autour de trois questions fondamentales : Quels liens dans la cité
au quotidien entre l’art, l’artiste et le citoyen ?, Quelle
économie pour quels projets culturels ? et enfin Quelle place pour
la culture dans le développement des territoires ? Quelles
perspectives ? L'objectif de concertation comme les enjeux sont
réels, bien qu'il soit évident que le monde de la culture souhaite
profiter de la saison électorale fournie qui s'annonce pour replacer
au coeur des débats électoraux la question de la culture, et si
possible, peser sur les orientations des campagnes des uns et des
autres.
L'ensemble des personnalités réunies a fait chorus autour
de la nécessité de soutenir un secteur qui « contribue à hauteur
de 58,7 milliards d’euros au PIB de la France, soit sept fois plus
en valeur ajoutée que le secteur automobile » selon Michel Didym,
directeur du Théâtre de la Manufacture, reprenant à son compte les
chiffres du ministère de la Culture. Les uns de rappeler que la culture ne
devait en aucun cas être « la variable d'ajustement des budgets de
l'État ». Les autres d'insister sur l'importance de son existence
comme de son développement constant dans une société où la
mixité, le lien social et la culture pour tous s'érigent en valeurs
fondamentales. Les élus présents opinent du chef alors que la «
scène colère » se fait peu à peu ressentir dans la salle, car le
fait est que les budgets fondent comme neige au soleil.
Bertrand Masson et Jean-Pierre Moineaux, tous deux élus en charge de la culture au Conseil Régional, ont été vivement interpellés sur la diminution des moyens accordés au secteur culturel par l'institution. Cyril Thiebaut, membre du Conseil national du Syndicat National des Arts Vivants, a rappelé que plusieurs dispositifs d'aide à la création à destination des compagnies avaient été purement et simplement supprimés sans préavis ni informations quant aux alternatives pour les comédiens. Non content d'obtenir un rendez-vous, le syndicaliste insiste, certainement galvanisé par les applaudissements de la salle, sur « la nécessité d'élaborer les dispositifs d'aide à la culture en concertation avec ses acteurs », rappelant au passage que les « modes de fonctionnement existants ne sont ni démocratiques, ni efficients ».
Mais bientôt la salle s'échauffe, tandis que Jean Deloche, directeur de la Scène Nationale de Bar-le-Duc, évoque ses tentatives d'aller vers « une économie du spectacle différente qui permette de mieux diffuser les productions », le fossé semble peu à peu se creuser entre les invités sur l'estrade, élus, directeurs de grandes compagnies et de scènes nationales et les artistes, plus anonymes, réunis dans la salle. Nicolas Turon, metteur en scène, se lève et rappelle « les coûts dispendieux, au détriment des petits acteurs, de la culture institutionnelle » malgré « l'inadéquation des programmations avec le grand public ». Allant jusqu'à parler d'« échec de la décentralisation » il juge que les centres dramatiques nationaux (CDN) ne font pas leur travail en « ne produisant pas suffisamment et en ne soutenant pas les petites compagnies ». Les réactions fusent, tout comme celle de Michel Didym : « Nicolas voit pourtant d'un bon œil que les institutions le financent. En tant que directeur artistique de CDN je ne programme que les meilleurs projets artistiques, leur taille m'est indifférente ».
Bertrand Masson et Jean-Pierre Moineaux, tous deux élus en charge de la culture au Conseil Régional, ont été vivement interpellés sur la diminution des moyens accordés au secteur culturel par l'institution. Cyril Thiebaut, membre du Conseil national du Syndicat National des Arts Vivants, a rappelé que plusieurs dispositifs d'aide à la création à destination des compagnies avaient été purement et simplement supprimés sans préavis ni informations quant aux alternatives pour les comédiens. Non content d'obtenir un rendez-vous, le syndicaliste insiste, certainement galvanisé par les applaudissements de la salle, sur « la nécessité d'élaborer les dispositifs d'aide à la culture en concertation avec ses acteurs », rappelant au passage que les « modes de fonctionnement existants ne sont ni démocratiques, ni efficients ».
Mais bientôt la salle s'échauffe, tandis que Jean Deloche, directeur de la Scène Nationale de Bar-le-Duc, évoque ses tentatives d'aller vers « une économie du spectacle différente qui permette de mieux diffuser les productions », le fossé semble peu à peu se creuser entre les invités sur l'estrade, élus, directeurs de grandes compagnies et de scènes nationales et les artistes, plus anonymes, réunis dans la salle. Nicolas Turon, metteur en scène, se lève et rappelle « les coûts dispendieux, au détriment des petits acteurs, de la culture institutionnelle » malgré « l'inadéquation des programmations avec le grand public ». Allant jusqu'à parler d'« échec de la décentralisation » il juge que les centres dramatiques nationaux (CDN) ne font pas leur travail en « ne produisant pas suffisamment et en ne soutenant pas les petites compagnies ». Les réactions fusent, tout comme celle de Michel Didym : « Nicolas voit pourtant d'un bon œil que les institutions le financent. En tant que directeur artistique de CDN je ne programme que les meilleurs projets artistiques, leur taille m'est indifférente ».
Quelques émois plus
tard, l'intervention de Serge Basso, directeur du centre culturel de
Esch-sur-Alzette calme les esprits : « pour faire venir les gens
dans les théâtres, il est essentiel de passer par l'éducation
populaire ». Car les principaux acteurs de la médiation culturelle
sont justement les petites compagnies qui peinent à rassembler trois
francs six sous comme le rappelle encore Philippe le Goff, artiste sonore : « les
demandes des collectivités sont importantes en la matière et les
subventions aux artistes dépendent de cet investissement ». Enfin
l'intervention du comédien Yann Berriet est sans équivoque quant
aux antagonismes et aux inquiétudes qui agitent la culture : « un
rapport a circulé où des directeurs de scènes nationales mettaient
en garde le gouvernement contre un saupoudrage des subsides or nous,
petites compagnies, ne vivons que de saupoudrage. Les directeurs de
grandes scènes n'essaient-ils pas, ce faisant, de préserver leurs
grosses dotations au détriment des nôtres ? ».
« Le but n'est pas
de déshabiller Paul pour habiller Jacques, mais de demander plus de
tissu pour tout le monde » a rétorqué Michel Didym en insistant
sur la nécessité que tous aillent manifester à Paris le 10 février
prochain, suscitant un rire un peu jaune auprès d'une large partie
de l'assemblée. Ce qui laisse à penser que le vrai débat ne fait
peut-être que commencer... Hélène Musquar Delanchy
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